Certes l’Etat ne doit pas tout faire, mais il a une responsabilité

Les 8, 9 et 10 septembre derniers, nous fêtions l’agriculture lors des Terres de Jim à Margny-lès-Compiègne, dans l’Oise. Cet événement, qui a rassemblé 100 000 visiteurs venus découvrir l’agriculture et échanger avec les jeunes agriculteurs, a aussi marqué notre rentrée syndicale.

J’ai eu l’occasion, aux côtés des jeunes agriculteurs de l’Oise, de faire découvrir le site au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Stéphane Travert et de dialoguer avec lui sur l’actualité agricole. Une actualité riche, avec les Etats généraux de l’alimentation qui nous mobilisent sur chacun des 14 ateliers, dans un esprit constructif. Il faut faire en sorte que chaque agricultrice, que chaque agriculteur, puisse vivre de son métier, nous n’avons plus le droit à l’erreur. Regrouper l’offre, renforcer la contractualisation, promouvoir nos produits : de nombreux acteurs s’accordent sur ces objectifs, à nous tous de faire en sorte qu’ils se transforment en décisions concrètes réellement mises en œuvre à l’issue des débats.

Car nous attendons de vraies mesures en faveur des femmes et des hommes qui font l’agriculture chaque jour avec passion. Ce travail global doit permette à tous les acteurs de prendre du recul, de réfléchir aux enjeux essentiels et rapidement, même si les changements structurels ne s’opèrent pas en quelques semaines, de renvoyer des signaux positifs.

Il y a pourtant ces derniers temps quelques bruits parasites. A côté des déclarations générales de bon aloi entendues çà et là en faveur des paysans, c’est comme si certains voulaient profiter du moment où les esprits sont tournés vers le travail et de fond et le long terme pour planter quelques piques. Par exemple, le moins que l’on puisse dire est que l’agenda d’une possible interdiction du glyphosate tombe mal. Si elle intervenait, sans concertation et sans délai, alors que la molécule est aujourd’hui indispensable à l’agroécologie et à l’agriculture de conservation, que devrions-nous comprendre ? Qu’on nous laisse philosopher sur les grands principes pour nous éloigner des questions qui fâchent ? Même vigilance du côté de certains projets de loi qui pourraient venir fragiliser des outils clefs de la maîtrise du foncier agricole ou de celui de mesures de régulation du loup que l’on propose d’affaiblir alors que le nombre de prédateurs ne cesse d’augmenter, au détriment du pastoralisme…

Les paysans, si bien défendus dans certains discours, y perdent un peu leur latin. Oui nous sommes prêts à nous organiser, à transformer notre agriculture, comme nous l’avons toujours fait, à innover, aller vers les consommateurs. Nous y sommes prêts, nous le faisons déjà en partie, mais pas à n’importe quel prix ni dans n’importe quelles conditions. Nous avons besoin, je le redis, de lignes claires, de signaux positifs, de mesures réalistes et durables. Pas de changements de cap brusques et uniquement guidés par des vents politiques et l’émotion médiatique.

Monsieur le ministre, vous avez raison quand vous dites que « l’Etat ne doit pas tout faire », mais l’Etat a une responsabilité. L’Etat ne peut pas d’un côté organiser les Etats généraux de l’alimentation et de l’autre mettre des milliers de paysans en difficulté par des décisions intempestives. L’Etat doit montrer le cap et nous aider à le garder. Les Jeunes Agriculteurs comptent aussi sur vous pour assurer leur avenir.


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