Grand oral agricole : ce que nous retenons des débats

Le 30 mars, avec les membres du Conseil de l’agriculture française (CAF), nous avons invité les candidats à l’élection présidentielle à venir nous présenter leur programme agricole. Sept d’entre eux étaient au rendez-vous. Dans la salle, 1 000 agriculteurs venus les écouter et les interroger.

Si je suis satisfait qu’on entende enfin parler d’agriculture dans cette élection présidentielle, où la forme a eu tendance à prendre beaucoup trop de place par rapport aux sujets de fond, je regrette que certains candidats aient manqué à l’appel, nous privant d’un débat plus large.

Parmi les sujets évoqués à la fois par les membres du CAF et les candidats, je retiendrai plusieurs points. Tout d’abord, la nécessité de ne pas opposer les modes de production et les circuits de distribution : la France a besoin de tous ses paysans pour assurer sa souveraineté alimentaire et répondre aux marchés extérieurs.

Ensuite, l’importance d’assurer un juste retour de valeur ajoutée aux agriculteurs pour qu’ils puissent vivre dignement de leur métier, en les faisant davantage peser dans les négociations commerciales, via par exemple le renforcement du rôle des organisations de producteurs et en valorisant les signes de qualité.

Le renouvellement des générations d’agriculteurs a fait l’objet de quelques propositions de la part de plusieurs candidats et j’ai à plusieurs reprises remis ce sujet sur la table, mais je regrette que cet objectif soit absent de plusieurs des programmes. Je ne cesserai de le rappeler : nous ne devons plus perdre de paysans dans ce pays ! C’est aussi aux responsables politiques de prendre ce sujet en main.

Enfin, concernant l’Europe, face au scepticisme, voire l’hostilité de certains candidats, nous leur avons rappelé que les agriculteurs ont besoin d’une Union européenne forte, certes revue car elle ne répond pas, en tout cas pour la PAC, aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux actuels, mais notre rôle est justement de construire une politique agricole qui cible les femmes et les hommes qui font l’agriculture. En sortant de l’Europe, nous aurions beaucoup plus à y perdre qu’à y gagner !

Je souhaite que les semaines qui nous séparent des élections soient encore riches de débats, que les candidats continuent à parler sérieusement d’agriculture et surtout que le futur Président prenne ce sujet essentiel à bras le corps. C’est nous, paysannes et paysans, qui nourrissons la France et nos voisins, et si on nous y accompagne, c’est encore nous qui continuerons à nourrir les citoyens demain !


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