Une mobilisation d’ampleur nationale pour l’élevage français

Malgré la période de moisson, les jeunes agriculteurs ont été nombreux à manifester leurs mécontentements durant cet été 2015, parce que l’avenir de nos métiers était en péril.

C’est pourquoi je les remercie. Evidemment, nous aurions préféré ne pas en arriver jusque-là. Mais les décideurs ne nous en ont pas laissé le choix. Nous avons essayé de nous faire entendre à maintes reprises pour sensibiliser les pouvoirs publics à la nécessité d’agir vite face au marasme économique de ces filières.

La crise que traversent nos filières (porcine, laitière et bovine) est complexe, à fois conjoncturelle mais aussi structurelle : perte de plusieurs marchés à l’export (embargo russe, baisse de la consommation de poudre de lait en Chine), concurrence déloyale de nos voisins européens[2] et enfin prix très faibles imposés par l’aval des filières qui ne permettent même pas aux éleveurs de couvrir leurs coûts de production. Nous défendons aujourd’hui le prix juste, la contractualisation et le « manger français ».

Il faut augmenter le prix sans augmenter le coût pour les ménages,  c’est pourquoi nous demandons une meilleure répartition des marges entre les acteurs des filières. Les agriculteurs, et encore plus les jeunes, ont besoin d’avoir un prix de vente supérieur à leur coût de revient.

Par ailleurs, pour pérenniser les exploitations, il nous faut de la visibilité sur nos débouchés : pour cela nous demandons la mise en place de contrats justes et équitables entre producteurs et transformateurs.

Enfin, en cette période de crise profonde que traversent les filières de l’élevage, nous demandons à l’Etat, aux collectivités et aux consommateurs d’acheter français. Ce n’est pas un appel au boycott européen mais un acte patriote si nous voulons que demain nos enfants puissent avoir des produits français dans leur pays.

Nous avons besoin de pouvoir vivre de notre métier et cela est indispensable pour la génération d’agriculteurs de demain. D’ici une dizaine d’années, près de la moitié des éleveurs partira à la retraite[3]. Si nous voulons assurer le renouvellement de la génération d’éleveurs, il faut envoyer des signaux positifs aux jeunes. Enfin, rappelons pour conclure le rôle économique et social de notre secteur : l’agriculteur aujourd’hui fait vivre tous ceux qui sont autour de lui : les coopératives, les banques, les industriels et la grande distribution. Il entretient le paysage et la vie de nos campagnes.


[2] Quand la main d’œuvre dans un abattoir allemand coûte 14 euros de l’heure, elle coûte 20 euros en France.

[3] Selon les chiffres Institut de l’Elevage, 40% des éleveurs laitiers ont plus de 50 ans et 49% des éleveurs allaitants ont plus de 50.


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