Une politique européenne d’après quotas laitiers qui nous laisse perplexes

En remettant de l’argent sur la table, 500M€, l’Union Européenne a certes fait un pas lundi en termes de gestion de crise agricole. Un pas qui lui a demandé beaucoup – trop – de temps et qu’il faut bien saluer tant il a fallu vaincre de résistances pour y parvenir. Le commissaire Hogan et certains pays membres y sont allés à reculons, refusant d’abord de reconnaître qu’il y avait une crise, qu’il y avait trop de lait sur le marché, refusant ensuite d’intervenir et finissant par céder face à la réalité. Car même les plus libéraux perdent de l’argent quand les prix s’effondrent et ceux qui espéraient tenir le coup plus longtemps que leurs voisins ont fini par se dire qu’un peu d’aide publique ne ferait pas de mal.  La question est de savoir à quoi sert cette aide publique et là, je reste sur ma faim.

Il y avait un deuxième pas à franchir, c’était celui de l’organisation collective de l’intervention publique. Et celui-ci, nous l’attendons toujours. Quand la puissance publique, l’UE en l’occurrence, décide qu’il est nécessaire qu’elle intervienne sur un marché, elle se doit d’être claire sur ce qu’elle cherche à obtenir par cette intervention. Si c’est retirer du lait du marché pour freiner la surproduction et permettre un rétablissement et une stabilisation des cours, alors ça s’organise. Il faudrait sans doute financer plus de retrait et surtout faire en sorte que tout le monde joue le jeu, en fixant des objectifs de réduction de volume à chaque Etat membre ou à chaque OP/coopérative/industriel.

On a connu le problème pour d’autres productions par le passé. Le risque est que certains se fassent financer du retrait pendant que d’autres continuent à produire plus et trop. Ceux qui font ce pari-là espèrent en réalité que les moins compétitifs s’arrêteront de produire et qu’ils pourront prendre leurs parts de marché. Mais le résultat le plus probable est que ça ne stabilisera pas les volumes et ne redressera pas les prix, et personne n’y gagnera.

On aura beau saupoudrer d’aides diverses, l’obstination à ne pas vouloir traiter le problème structurel réuni toutes les conditions pour que ces 500 M€ n’aient pas d’impact tangible pour les producteurs français.


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