Le Ceja (Conseil européen des jeunes agriculteurs) construit son projet pour la PAC post-2020

Depuis l’élection de la nouvelle équipe en septembre 2015 et de l’Irlandais Alan Jagoe à sa présidence, le Ceja met en œuvre un calendrier de travail dense pour construire son projet PAC 2020. En 2015  le Ceja avait déjà abouti à la publication du manifeste des jeunes agriculteurs européens. Un document qui posait les jalons du travail à venir sur les grands défis qui attendent l’agriculture européenne : accès au foncier et aux crédits, commerce international, fonctionnement de la chaîne alimentaire ou encore environnement et innovation.

Depuis septembre 2015, de nombreux groupes de travail ont été organisés. Jeunes Agriculteurs y a systématiquement participé en étant force de proposition, dans une logique de compromis ambitieux avec l’ensemble des autres organisations. Les accords sur le « plus petit dénominateur commun » ne sont pas dans les habitudes du Ceja. Si les débats sont parfois difficiles, longs et mettent en évidence des visions très différentes, les organisations membres et la présidence sont toujours animées par la volonté d’aboutir à des propositions ambitieuses en faveur des jeunes agriculteurs européens.*

Une nouvelle PAC qui manque d’ambition pour les jeunes

Le Ceja a bien conscience que la nouvelle PAC n’est pas à la hauteur des attentes de beaucoup de jeunes et de beaucoup d’agriculteurs sur l’ensemble du territoire européen : les agriculteurs de moins de 35 ans représentent seulement 6,5 % des agriculteurs européens, la crise agricole de 2015/2016 et ses conséquences économiques et sociales ont illustré l’incapacité des institutions à réagir vite et efficacement. De plus, les règles environnementales inscrites dans le verdissement sont souvent difficiles à comprendre, la concurrence pour l’accès au foncier se fait de plus en plus sentir entre urbanisation et agriculture mais aussi entre agriculteurs.

Les agriculteurs actifs, un sujet de débats

Sur tous ces sujets, le Ceja s’emploie depuis plusieurs années à faire des propositions, au premier rang desquelles un meilleur ciblage des aides vers les agriculteurs actifs pour éviter que ces aides ne soient perçues comme une rente et n’empêchent l’installation des jeunes face à la rétention de foncier.

A ce titre, le Ceja propose la mise en place d’une définition contraignante de l’agriculteur actif à l’échelle européenne, qui exclurait les personnes percevant une pension de retraite et exigerait :

  • un niveau de formation minimum
  • un revenu minimum issu de l’activité agricole
  • un temps de travail minimum réalisé sur l’exploitation.

Ce n’est pas l’exclusion qui anime le Ceja, mais bien la volonté de distribuer des aides à ceux qui en ont besoin pour répondre aux objectifs d’une véritable stratégie agricole et alimentaire européenne.

Une politique de gestion des risques qui permette d’anticiper les crises

Le Ceja estime qu’il faut que l’Europe mette en place des outils pour anticiper les crises, à travers l’organisation commune de marché (OCM). Gérer les crises est important, mais cela ne suffit pas : les anticiper doit être une priorité, grâce notamment à des outils réactifs permettant d’intervenir rapidement sur l’équilibre des marchés.

Le Ceja propose par ailleurs le renforcement et le développement d’une série d’outils attractifs pour les agriculteurs pour gérer les risques : des dispositifs contracycliques, des fonds de mutualisation, des systèmes d’épargne individuelle de précaution, etc.

Sur l’environnement, le Ceja souhaite un changement de paradigme en prônant le passage d’une logique d’obligation de moyens à une logique d’obligation de résultats. Il est primordial de faire à nouveau confiance en la capacité d’innovation des agriculteurs et en leur volonté de préserver leur outil de travail. Cela devra passer notamment par un soutien accru aux démarches collectives.

Les travaux du Ceja se poursuivent à raison d’un groupe de travail par mois environ, dans le but de parvenir à la rédaction d’un projet pour la PAC 2020 au courant du premier semestre 2017. Jeunes Agriculteurs y sera présent, volontaire et constructif et saura diffuser, échanger avec les décideurs européens et nationaux pour faire avancer la vision de la jeunesse agricole européenne.

* En 2013, par exemple, la Commission, puis le Parlement et le Conseil ont inscrit dans le règlement de la PAC sur les paiements directs la mise en œuvre obligatoire du top up jeune (majoration des aides directes pour les jeunes agriculteurs pendant leurs 5 premières années d’installation). En France, le top up représente 75 millions d’euros et permet aux jeunes agriculteurs de bénéficier d’un « coup de pouce » de presque 2500 euros par an dans leur phase d’installation.


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