« Il est possible de continuer à faire de l’agriculture moderne en respectant les sols » Matthieu Archambeaud

matthieu-archambeaudMatthieu Archambeaud, co auteur Les sols agricoles, comprendre, observer, diagnostiquer donne ses clés pour se lancer dans la réduction du travail du sol.

Quel est votre diagnostic sur l’état des sols agricoles en France ? Ils sont le plus souvent abîmés, avec des défauts de structure liés au travail du sol et au trafic, ainsi qu’un manque de matière organique minéralisable. Mais contrairement à ce qui se dit souvent, les sols ne sont pas morts ! Avec un changement d’orientation, ils se régénèrent rapidement et montrent des changements radicaux au bout de quelques années. Les sols subissent des problèmes liés à l’agriculture moderne. Mais, la bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de continuer à faire de l’agriculture moderne en respectant les sols.

Quels conseils donnez-vous aux jeunes agriculteurs qui veulent se lancer dans la conservation des sols ? Avant tout, réaliser un diagnostic des sols, même si ce n’est hélas pas compris dans les baux ruraux. Les Techniques culturales simplifiées (TCS) permettent de réaliser des économies de mécanisation. Mais il est important de se former et d’y aller prudemment. Par exemple, attention à ne pas trop simplifier le travail dans des sols qui ne sont pas prêts ! Enfin, il faut aussi beaucoup travailler sur les rotations et sur la couverture végétale continue du sol, c’est la clé.

Comment réagissez-vous à la polémique autour du glyphosate ? C’est un produit très symbolique, qui représente pour certains tout ce qu’il y a de mauvais dans l’agriculture : la chimie, les OGM, les fermes géantes d’Amérique du Sud, etc. Mais quand on arrête le travail du sol, il faut trouver un autre moyen de désherber. Le glyphosate fait bien le travail, sans provoquer l’apparition de résistances. Interdire le glyphosate du jour au lendemain, sans concertation, ce serait aussi bête que d’interdire le labour. Toutefois, le glyphosate n’est pas une molécule neutre. Comme elle n’est pas chère, elle est souvent mal utilisée. Pourquoi ne pas augmenter son prix en créant une taxe qui financerait la recherche ? Dans les réseaux d’agriculture de conservation, des agriculteurs travaillent pour réduire les traitements herbicides. Ça passe par les rotations et par la réussite des couverts végétaux, en utilisant des espèces qui démarrent vite.


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