Plus de revenu

  • L’organisation économique : un combat syndical

Le revenu des agriculteurs est à la base de notre combat syndical. Même si ce n’est pas nous qui sommes à la manœuvre dans les négociations de prix, notre syndicalisme, le syndicalisme responsable, a toute légitimité pour se positionner sur les sujets économiques. Nous savons pertinemment que nous vivons dans un monde où on ne peut pas attendre de l’Etat qu’il règle l’économie de notre agriculture et de nos filières tout seul. Et nous savons que si nous ne nous organisons pas pour rééquilibrer le rapport de force, les acteurs de l’aval risquent fortement de faire des producteurs leur variable d’ajustement.

Le travail que nous menons sur nos filières, au niveau national et sur nos territoires, est incontournable pour le syndicalisme JA+FNSEA, aujourd’hui et demain probablement encore plus qu’hier. Ce travail est exigeant et parfois ingrat parce que les résultats sont rarement immédiats. Nous devons pourtant l’assumer fièrement, et le poursuivre sans relâche. Les critiques, ou simplement le scepticisme, continueront à venir, n’en doutons pas.

Nous avons obtenu à la suite des Etats Généraux de l’Alimentation un renforcement du pouvoir des organisations de producteurs (OP). La balle est aujourd’hui dans leur camp : elles disposent des outils pour négocier les prix au mieux des intérêts des producteurs, en particulier en prenant en compte les coûts de production. Le syndicalisme y veillera !

La création et la répartition de la valeur sont un combat de longue haleine. Sachons valoriser notre travail de fond et toutes les avancées que nous obtenons pas à pas en matière de contractualisation, de segmentation, de traçabilité. Le travail mené au niveau en interprofession est utile, nous devons nous y montrer très exigeants en interne et le faire reconnaître en externe.

JA+FNSEA poursuivent le travail au niveau national et européen, pour un mettre un terme à cette différence de traitement entre agriculteurs et autres acteurs économiques au regard du droit de la concurrence. En effet comment accepter que quelques agriculteurs qui se regroupent puissent être soupçonnés d’entente, alors que les centrales d’achat peuvent se regrouper en toute impunité !

Sachons aussi assumer la nécessité du regroupement de l’offre, en particulier pour permettre à nos exploitations agricoles de type familial d’accéder à certains marchés. Ne laissons pas la place aux remises en causes grossières et disons-le démagogiques, d’un système, la coopération, dont nous avons besoin et qui s’il n’est pas parfait, est celui que nous maîtrisons encore le plus. Toutefois l’angélisme n’a pas de place : certaines coopératives doivent faire évoluer leur gouvernance ou leur stratégie. Comme toutes les OP, elles ne doivent pas déroger à l’application de la nouvelle loi dans la détermination des prix payés aux producteurs.

Patrick Bénézit, Secrétaire général adjoint de la FNSEA

Aurélien Clavelle, Vice-président des JA

Le projet de campagne : Avançons ensemble les pieds sur terre

  • Redonner du prix aux producteurs

Depuis des années, notre combat vise à redonner de la valeur aux productions agricoles et à la faire remonter dans les cours de ferme en répondant aux principaux facteurs d’instabilité : volatilité des prix et tensions dans les relations commerciales !

Nous devons obtenir une répercussion des variations de nos coûts de production jusqu’à l’aval de la chaîne et jusqu’au consommateur. Et au-delà de notre détermination à construire le prix en marche avant, nous voulons mettre définitivement un terme à la guerre des prix destructrice pour les agriculteurs que se livrent les enseignes de la grande distribution.

C’est pour cela que dans le cadre des Etats Généraux de l’Alimentation (EGA) nous avons défendu une contractualisation rénovée et adossée à un dispositif de mesures tendant à rééquilibrer les forces et sanctionner les abus.

  • INTERVIEW CROISÉE

Patrick Benezit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, et Aurélien Clavel, vice-président de JA

Comment mettre en place des relations commerciales équilibrées ?

A.C. : Nous travaillons sans relâche pour rééquilibrer le rapport de force au sein des filières et ramener davantage de valeur sur nos exploitations. Cela passe par une recherche quotidienne de création de valeur dans les filières et sur nos exploitations, le développement d’une contractualisation sécurisante pour nos revenus et le renforcement d’une offre regroupée et segmentée.

Comment permettre aux producteurs de mieux s’organiser ?

P.B. : Notre action déterminante au niveau européen a permis de réelles avancées dans le règlement Omnibus pour déverrouiller le droit de la concurrence. Les OP (Organisations de producteurs) peuvent, dorénavant, négocier collectivement les prix. Il faut aller plus loin et permettre, dans les faits, une exemption du secteur agricole au droit de la concurrence.

Quel rôle l’Etat doit-il jouer pour garantir une juste répartition de la valeur ?

A.C. : L’Etat doit prendre ses responsabilités en créant un cadre pour des relations commerciales saines et loyales. Cela passe par la mise en place d’outils sécurisants pour les plus fragiles mais très fermes face aux pratiques déloyales qui doivent être lourdement sanctionnées.

Les regroupements à l’achat de la grande distribution peuvent-ils être remis en cause ?

P.B. : C’est notre demande depuis plusieurs années. Permettre ces regroupements alors que les agriculteurs se font condamner pour entente est totalement inacceptable ! Petit à petit, nous sommes entendus, l’Autorité a lancé une enquête spécifique.