Jean-Jacques Bolzan, président de la FMGF, détaille pour le JA mag les attentes des marchés de gros

bolzan jean jacquesVéritables « centrales d’achat des commerces de proximité », les marchés de gros recherchent des agriculteurs pour répondre à la demande en produits locaux. Le 4 juillet dernier, la Fédération des marchés de gros (FMGF) et Jeunes Agriculteurs ont signé un partenariat dans ce sens. Jean-Jacques Bolzan, président de la FMGF, détaille pour le JA mag les attentes des marchés de gros.

Pour commencer, qu’est-ce que la Fédération des marchés de gros (FMGF) ? C’est 23 marchés dispatchés sur l’ensemble du territoire national, plus un en Belgique. On y trouve des grossistes, ainsi qu’un espace dédié aux producteurs : chaque producteur a un “carreau” dédié pour vendre sa production. Nous sommes les centrales d’achat des commerces de proximité, primeurs, marchés de plein vent, restaurateurs et de la restauration collective. Cela représente 45 millions de  consommateurs par jour. Pourquoi avoir signé une convention de partenariat avec JA ? Le marché de gros, c’est le circuit court. Le but est d’avoir de plus en plus de producteurs sur nos marchés, de plus en plus de produits locaux pour alimenter les grossistes ou vendre en direct. La partie “carreau des producteurs” n’est pas très connue. Quand on a parlé à JA de cette possibilité d’ouverture commerciale sur les marchés de gros, ça les a intéressés. En plus les producteurs fixent leurs propres prix, il n’y a pas d’intermédiaire.

Quel est l’objectif de la FMGF en matière d’approvisionnement local ? On ne se donne pas de chiffre à atteindre pour le moment. Notre but, c’est vraiment que les gens travaillent de concert pour dynamiser tout ça : les directeurs et présidents des marchés de gros et les responsables régionaux JA. Il faut démarrer, après on pourra se donner des objectifs chiffrés.

Que faut-il faire pour vendre sur le carreau ? Le producteur paie un abonnement pour réserver un carreau d’une surface déterminée. Il y vend sa production : 10, 50 cageots, etc. Il arrive que des grossistes achètent la production globale des producteurs qui viennent sur le carreau.

Quels sont les bénéfices de ce partenariat pour les agriculteurs ? Le marché de gros est un outil économique. Nous ne fixons pas d’objectif ou de cadre : pour nous, plus il y a de producteurs, mieux c’est, car l’offre de produits est plus diversifiée. C’est aussi une plateforme qui crée du lien : par la suite, certains clients appellent directement les producteurs pour passer commande. Après, à chacun de faire son business. Ce n’est pas le marché de gros qui fait le business : nous, on est là pour mettre en relation l’amont et l’aval, la métropole et le rural. La concentration des produits se fait sur le marché de gros.

Y a-t-il des menaces qui pèsent sur le marché de gros ? La menace, c’est le e-commerce qui se développe dans l’alimentaire.

Et les chantiers à venir? Il faut que nous développions la logistique pour être facilitateurs dans l’approvisionnement auprès de nos clients. On pourrait imaginer par exemple un service de ramasse organisé par les marchés de gros. C’est un circuit économique à organiser. À l’heure actuelle, les producteurs viennent sur le carreau. Mais on pourrait imaginer qu’ils se regroupent et embauchent une personne pour recevoir et vendre les produits sur le marché. Ça veut dire une organisation avec des producteurs qui se fédèrent. Tout ça est en balbutiement, mais on y travaille.

Un tel service de ramasse existe-t-il déjà? Je crois que Grenoble a tenté quelque chose. Je ne sais pas si c’est toujours en cours, nous devons justement faire le point là-dessus. Ce qui est sûr, c’est que le Marché d’intérêt national (Min) de Grenoble est le plus avancé en termes de logistique.

Le projet de loi EGA, qui prévoit 50 % d’alimentation durable en restauration collective, est-il de bon augure pour les marchés de gros? Oui, car les producteurs ont déjà un lieu où ils peuvent massifier. À eux de s’organiser pour répondre à la restauration collective. Car il faut des quantités énormes, un seul producteur ne suffit pas à alimenter ce secteur. Il faut que les producteurs se fédèrent pour ramener la marchandise sur un même lieu où la restauration collective viendrait la récupérer.

Y a-t-il des producteurs pionniers en la matière? Dans le pays des Portes de Gascogne, nous avons passé une convention avec une association d’éleveurs du Gers pour le veau sous la mère (NDLR: ce groupe gère sa propre marque, Lou Béthêt). Ils se sont organisés pour répondre à l’appel d’offres lancé par la ville de Toulouse pour approvisionner les cantines scolaires. Ça fait un an que la convention est en place.

Comment répondez-vous aux nouvelles demandes des consommateurs? Nous recherchons des produits en fonction de leur saisonnalité, car les gens veulent manger local et de saison. Il y a un changement de mentalité qui s’opère, on le voit. Il faut prendre le train en marche. Nous avons aussi prévu de lancer un petit questionnaire pour demander aux clients ce qu’ils souhaitent, quels produits ils recherchent. Je ne sais pas encore comment ça va se matérialiser. Il faut travailler là-dessus avec tous les acteurs, notamment les grossistes.

Comment va se concrétiser le partenariat avec Jeunes Agriculteurs? Il faut que, dans les régions, les représentants JA entrent en contact avec le président ou le directeur de leur marché de gros pour commencer à tra- vailler ensemble. Des premiers contacts ont déjà été établis à Toulouse, à Lille et à Châteaurenard. On a posé les bases, maintenant il faut avancer. C’est le moment.


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