Anaïs glisse entre les pistes et sa ferme

En Savoie, Anaïs Pelissier est éleveuse laitière. Mais durant l’hiver, elle troque ses bottes contre des skis pour assurer son deuxième métier : celui de monitrice sur les pistes. Une double activité qui ravit la jeune femme, trouvant l’équilibre parfait entre passion et travail.

Pleine d’énergie, Anaïs participe depuis toute petite à la vie de l’exploitation familiale située au coeur de l’appellation Beaufort : « J’ai effectué un parcours scolaire classique dont un BTSA Acse. J’ai d’abord été contrôleuse laitière puis je me suis associée sur l’exploitation familiale en 2017. » Une production à forte valeur ajoutée qui n’est pas le seul métier d’Anaïs. Lorsque la saison hivernale débute, l’éleveuse enfourche des skis : « J’ai commencé à trois ans, c’est même un peu tard pour la région. J’ai été séduite par ce sport et j’ai fait de nombreuses compétitions.» À 17 ans, avec le bagage nécessaire, elle saute le pas pour devenir monitrice : « J’ai passé les diplômes et j’ai enchaîné sur ma première saison d’hiver.» Sa double casquette agricultrice-monitrice de ski n’est pas un cas isolé dans la région. Une double activité qui requiert néanmoins une rigoureuse organisation durant l’hiver : « Je me lève à 4 h pour m’occuper des animaux jusqu’à 7 h du matin. Je pars ensuite de 9 h à 17 h pour donner des cours de ski et je retourne travailler vers 20 h sur l’exploitation. » La haute saison dure de décembre à février mais il n’est pas rare qu’Anaïs travaille jusqu’en avril : « C’est une vraie respiration de pouvoir quitter l’exploitation et faire totalement autre chose. Le métier de moniteur de ski a une dimension pédagogique très intéressante. Je donne des cours privés et collectifs, aussi bien à des enfants qu’à des adultes et à chaque fois je dois m’adapter à leurs niveaux. J’aime le contact tout en pratiquant ma passion. » La jeune exploitante a trouvé son équilibre : « Lorsque je pratique les deux métiers, même si c’est très chargé, je ne changerai pour rien au monde. Les rencontres que je fais sur les pistes sont très riches. »

Plus de revenu et de lien social. L’exploitante est monitrice pour l’école Saint-François-Longchamp, mais elle n’est pas salariée de la structure pour autant : « J’ai le statut de travailleur indépendant. C’est d’ailleurs ce qui me permet de jongler entre mes deux métiers. Je planifie des cours sur les tranches horaires que j’ai de libres sur l’exploitation. Cette souplesse me permet d’ajuster constamment mon planning si j’ai des imprévus. » L’école prend un pourcentage sur les réservations de l’ordre de 11 % : « l’activité de moniteur de ski ne demande pas plus de travail administratif, car c’est une activité affiliée à la MSA. » Et cette activité lui génère un revenu complémentaire non négligeable : « Ce n’est pas la raison principale pour laquelle j’ai choisi d’être monitrice, mais il faut avouer que c’est un supplément de salaire très avantageux. » Anaïs aime aussi la dimension environnementale de ses deux métiers : « La Savoie vit grâce à ses agriculteurs qui entretiennent les espaces, eux-mêmes sillonnés par les touristes durant l’hiver. Le tourisme est un équilibre économique primordial pour notre région. »

Quid maintenant de la suite pour Anaïs sur son exploitation ? Sa maman partant bientôt à la retraite, il lui faudra trouver un nouvel associé ou reprendre la ferme seule. Une décision compliquée : « Je n’ai pas encore fait de choix, je ne veux pas abandonner le métier de monitrice. Ce sera à moi de trouver un nouvel équilibre. »


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