Benjamin Jeuland, agriculteur le jour et pompier la nuit

benjamin jeulandÀ 23 ans, Benjamin a deux passions qui guident son quotidien. Fils d’agriculteur, il est amené à reprendre dans peu de temps l’exploitation familiale à Verneuil-sur-Indre (Indre-et-Loire). « Je suis en cours d’installation et ce fut comme une évidence de m’engager à reprendre la ferme familiale. Nous avons 230 ha en polyculture élevage. » Le jeune exploitant a suivi un cursus agricole afin de s’installer par la suite. « J’ai fait un Bac STAV et un BTS Acse afin d’avoir tous les bagages, avant de m’engager dans ma deuxième passion. » Car, pendant sa dernière année de BTS, Benoit s’est engagé comme pompier volontaire : « J’habite dans un petit village, je connaissais la caserne, donc quand ils m’ont proposé de m’engager, je me suis lancé ! »

L’exploitant est d’astreinte sur une caserne à 7 km de l’exploitation. « Je garde toujours ma tenue à portée de main. Il faut toujours être prêt à partir en intervention. Le métier d’agriculteur ne laisse pas beaucoup de temps et nous travaillons sept jours sur sept, mais j’aime partir en intervention et pratiquer ce magnifique métier. » Les pompiers de la caserne indiquent leurs disponibilités via une messagerie vocale : « Nous n’avons pas d’astreinte à proprement parler. Certains de mes collègues ont des horaires fixes et se rendent disponibles en fonction. Pour ma part, j’indique via la messagerie vocale quand je suis disponible, généralement le soir après une journée sur l’exploitation. »

Benjamin part en intervention aussi bien pour éteindre des incendies que porter secours à des personnes en difficulté. « C’est un métier qui demande de nombreuses compétences. Comme beaucoup de pompiers, j’ai été attiré par l’extinction des feux. Cela fait peur, mais ensuite on est fier de les avoirs éteints. C’est également un honneur de secourir et de sortir des victimes indemnes. »

Recruter des jeunes. Benjamin a été marqué par sa première intervention : « C’était le 26 novembre 2015, le lendemain de mon anniversaire. À 5 h du matin, j’ai été appelé pour intervenir lors d’un accident de voiture. Il y avait un brouillard terrible. Une personne âgée avait perdu le contrôle de son véhicule et avait percuté un fourgon à contresens. C’était une grosse intervention et j’étais plus jeune qu’aujourd’hui. Heureusement, nous sommes une petite caserne et j’ai pu compter sur mes collègues pour en parler. » Le jeune agriculteur s’est lié d’amitié avec des personnes de divers horizons. Une manière pour lui de sortir du quotidien d’agriculteur : « Les manoeuvres avec les pompiers permettent de rencontrer du monde et de sortir la tête de l’exploitation. La caserne est devenue une deuxième famille. Nous mangeons régulièrement tous ensemble. Nous venons tous d’horizons différents. Il y a aussi bien des commerciaux que des techniciens, mais être pompier nous a rapprochés. »

L’agriculteur est actuellement au grade de première classe, mais attend d’être installé pour évoluer. « J’ai de la chance que mon père soit encore très présent sur l’exploitation. Il me remplace jusqu’à une semaine quand je pars en formation, mais c’est sûr qu’à l’avenir il faudra que je trouve un salarié en qui j’ai une entière confiance. Je pense que ça sera la seule solution pour continuer mon engagement de pompier tout en étant chef d’exploitation. » La caserne de Verneuil est constamment à la recherche de nouveaux volontaires. « Nous sommes 11 dans la caserne et, lorsque nous partons en intervention, nous devons être trois ou quatre. Il nous faut du sang neuf pour que chacun puisse se dégager du temps. J’appelle tous les jeunes à s’engager pour ce beau métier. »


Continuer la lecture...