Jérôme LEROY, vice président de la section BtoB de la Ferme Digitale et fondateur de la start-up Weenat créée en 2016

photo invité jérome leroyQu’est-ce que la Ferme Digitale ? Lorsque nous avons créé la Ferme Digitale en 2016, nous étions cinq start-up qui représentaient 35 salariés. Depuis, nous avons fait un peu de chemin : il y a maintenant 35 membres, bientôt 40, dont 30 sont des start-up. L’ensemble des adhérents représente 750 salariés et couvre toutes les facettes du numérique qui touchent à l’agriculture. Nous sommes donc présents sur l’Agtech, la WineTech et la FoodTech. Notre objectif est de promouvoir l’innovation et le numérique pour une agriculture performante, durable et citoyenne. La structure est divisée en deux branches. D’un côté, les start-up BtoB dont les services s’adressent aux agriculteurs, et de l’autre, celles en BtoC qui touchent et impliquent les consommateurs finaux. Au sein de la commission BtoB, nous examinons, chaque année, quatre nouvelles promotions de start-up qui veulent intégrer la Ferme Digitale.

Pour devenir adhérent, il faut respecter certains critères. Comme par exemple partager nos valeurs fondatrices ou avoir atteint une certaine maturité économique, fixée à 50 000 € de chiffre d’affaires annuel. Il y a également un collège “amis” qui regroupe les entreprises qui ne sont pas des start-up mais qui veulent participer à l’innovation digitale. Il y a aussi des universités, des fonds d’investissements ou encore des partenaires technologiques.

Concrètement, quelles sont les actions de la Ferme Digitale ? Nous organisons plusieurs rendez-vous dans l’année, dont le principal est le LFDay. Lors de cet événement annuel, nous rassemblons 1 400 personnes, 120 sociétés innovantes et 50 intervenants. Nous sommes également présents sur une dizaine de salons chaque année dont le Salon de l’agriculture. À cette occasion, nous organisons un rassemblement de start-up sur un même espace. L’objectif est de faire découvrir aux visiteurs, qu’ils soient agriculteurs ou consommateurs, l’éventail des sociétés innovantes qui composent la Ferme Digitale. C’est aussi un moment privilégié pour nos membres permettant d’échanger entre eux. Des projets communs sont ainsi nés des discussions pendant ce rassemblement.

Au-delà de l’événementiel, la Ferme Digitale, c’est aussi des commissions qui se réunissent régulièrement pour aborder des thèmes clés.

Chaque année, il y a un moment de team building durant lequel nous nous rassemblons pendant un week-end.

Quel est l’intérêt d’une start-up à rejoindre une telle structure ? La Ferme Digitale permet aux start-up de l’AgTech d’échanger et de partager entre elles leurs difficultés et leurs forces. Les différentes commissions abordent des sujets tels que la communication, l’international ou le financement. L’idée étant que chacun puisse donner du temps à la communauté. Les membres qui sont plus avancés sur certains aspects vont partager leur expérience. Il y a aussi l’intérêt de « chasser en groupe » pour les acteurs qui sont sur un même marché. En ce qui concerne le matériel, les membres de la Ferme Digitale s’engagent à rendre disponibles des locaux pour un membre d’une autre start-up qui serait en déplacement dans leur zone. Personnellement, je sais que quelle que soit la ville où je me déplace, je pourrais trouver un bureau pour quelques heures si un membre de la Ferme Digitale y réside.

Concernant les start-up qui développent le même type d’activité, nous n’avons pas de problème de concurrence. Au contraire, nous considérons que même les structures concurrentes ont des choses à se dire et à échanger et la Ferme Digitale peut être un lieu pour ça. Nous avons vraiment vocation à accueillir comme membre toutes les start-up qui le souhaitent. Ça a été réaffirmé lors du LFDay.

Comment la Ferme Digitale garde-t-elle le lien avec les agriculteurs ? Nous accueillons déjà des agriculteurs membres de la Ferme Digitale dans une catégorie dédiée. Ils peuvent venir participer à nos différents événements et commissions. Pour preuve, Hervé Pillaud, notre parrain, est un agriculteur. Mais nous voulons aller plus loin dans le développement de cette section en accueillant de nouveaux membres.

Tous les exploitants sont concernés, céréaliers, éleveurs et autres. Les solutions proposées par nos membres concernent l’ensemble de ces productions, même s’il faut reconnaître qu’aujourd’hui nous nous adressons plus aux grandes cultures qu’à l’élevage. De notre côté, notre boulot c’est de sélectionner les start-up qui ont une équipe dirigeante et un projet avec une vision long terme pour que les agriculteurs aient en face les bons interlocuteurs. Nous sommes aussi là pour faire la synthèse de ce qui va fonctionner ou non.

Que peut apporter la digitalisation que vous proposez aux agriculteurs ? Elle a déjà apporté beaucoup de choses à travers le GPS ou les outils de gestion de troupeaux. Au départ, l’objectif de la digitalisation en agriculture était d’améliorer les rendements mais aussi d’optimiser la partie administrative qui était de plus en plus importante. Ça a été le début des logiciels de comptabilité et de traçabilité. Aujourd’hui, les notions de gain de confort et de temps de travail prennent de plus en plus d’importance. Avec l’avènement du smartphone, les exploitants agricoles veulent que certaines taches se simplifient.

L’idée c’est vraiment de rendre le métier aussi facile que de consulter son compte bancaire en ligne. Tout cela doit permettre de passer plus de temps sur le développement de la valeur ajoutée. L’accès à toutes les informations en temps réel ouvre la possibilité de consacrer plus de temps à l’essentiel. Un dernier aspect concerne la demande croissante de traçabilité par le consommateur. Tout le monde va avoir besoin de solutions technologiques.


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