Le réchauffement climatique va faire des gagnants et des perdants agricoles

jean christophe arriiJean-Christophe Arrii a passé son enfance sur l’Île de beauté, mais il a choisi de s’éloigner du domaine familial pour faire ses études sur le continent. « J’avais envie de découvrir autre chose et c’est pour cette raison que j’ai fait mon université à Nice. Ensuite, j’ai été agent immobilier. » Le jeune Corse décide tout de même de retourner sur son île natale, où il fait une rencontre décisive pour la suite de sa carrière. « Je suis revenu à Sainte-Lucie-de-Tallano et j’ai fait des saisons de récolte d’olives et de préparation d’huile auprès d’une figure de l’ile, Monsieur Don Jean Santa Lucia. »
Jean-Christophe a tout appris au contact de cet oléiculteur et s’est pris de passion pour ce savoir-faire ancestral. « J’ai décidé de reprendre le do-maine familial, mais [pour la partie oléicole] tout était à créer. Mon grand-père avait créé cette exploitation avec des oliviers, des animaux et des vignes, mais mon père avait privilégié l’élevage. » Le domaine familial datant de 1815 dispose d’un moulin à huile et d’une presse à bois de plus de 300 ans (même si elle n’est plus en service). Le jeune oléiculteur possède désormais plus de 1 000 oliviers pour une production d’environ 2 500 l par an. « Au départ, les terrains étaient en friche. Mais j’avais tout de même la chance d’avoir des oliviers autour de la maison âgés de 300 à 600 ans. C’est une richesse inestimable, mais ce n’est pas le gros de ma production. Le reste de mes oliviers sont sur d’autres parcelles autour de la ville. »

Une huile d’exception. Les huiles d’olive sont réputées dans cette région de la Corse du Sud. Jean Christophe revend toute sa production dans la boutique de l’exploitation ou sur des marchés. « Le moulin à huile U Palazzu a maintenant trouvé son public. J’ai de nombreux locaux qui viennent sur l’exploitation pour m’acheter mon huile. Il y a également quelques touristes. Le travail de commercialisation me plaît beau-coup, avoue le jeune oléiculteur. J’aime discuter avec les gens, expliquer mon travail et cette passion. C’est en séduisant les consommateurs qu’ils re-viennent ensuite au domaine. »
En 2018, l’exploitant a connu une récolte difficile à cause des aléas clima-tiques : « J’ai perdu 50 % de ma production à cause des fortes chaleurs s’abat-tant sur l’île. Le problème en Corse, c’est que nous n’avons pas d’eau pour irriguer nos oliviers. Il n’y a aucune retenue d’eau. Je suis donc tributaire de la nature. » Les oliviers sont « des arbres très intelligents, explique-t-il. Ils produisent des olives s’ils sont en bonne santé et s’ils ont eu de l’eau en bonne quantité. Dans le cas contraire, ils rassemblent leur énergie et ne produisent pas de fruits. C’est pour cette raison qu’ils vivent aussi longtemps. »
L’huile d’olive produite par Jean-Christophe bénéficie d’une AOP (Appellation d’origine protégée). Elle garantit la provenance des olives et le lieu de trituration. Elle est produite à partir de variétés locales comme sabina, zinzala ou capannace. Vierges ou extra-vierges, ces huiles se caractérisent par une douceur en bouche et une grande palette aromatique. En février, Jean-Christophe est venu au Salon in-ternational de l’agriculture promouvoir son AOP. « C’est une chance de pouvoir venir dans un salon d’excellence comme celui-ci et mettre en avant nos pro-duits corses d’exception, dont notre huile. »


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