Quelle PAC Jeunes Agriculteurs souhaite-t-il défendre pour 2020 ?

La PAC 2015 à l’échelle européenne, ressemble presque déjà à un champ de ruine dans ce qu’elle avait de « commun ». Nous avons l’impression que la PAC est aujourd’hui davantage une somme d’intérêts nationaux, ou sectoriels.

L’exercice de simplification engagée par le Commissaire Hogan en est un bon exemple : chacun y va de « sa » simplification, ce qui aboutit à encore plus de subsidiarité : chacun fait un peu ce qu’il veut… Je ne dis pas qu’il faille renier les spécificités des territoires, des productions, je constate qu’il n’y a plus de stratégie commune européenne pour l’agriculture. Cette stratégie doit reposer avant tout sur un objectif : celui de soutenir le développement d’exploitations de type familial, viables, vivables et transmissibles sur tous les territoires. C’est le meilleur moyen de garantir une agriculture qui réponde à toutes les attentes de la société.

La première réforme est donc la mise en place, à l’échelle européenne, d’une définition contraignante de l’agriculteur actif pour renforcer l’agriculture familiale. Chez Jeunes Agriculteurs, nous sommes convaincus que ce sont les femmes et les hommes travaillant sur les exploitations qui doivent être au cœur des politiques agricoles. Distribuer les soutiens à ceux qui travaillent sur les fermes, à ceux qui prennent des risques, qui font des choix et qui sont autonomes ! Nous ne voulons plus d’une PAC pansement qui remplace les politiques sociales ou qui engraisse les grands propriétaires. Nous voulons une PAC qui se donne pour priorité le renouvellement des générations.

La PAC doit être également un moyen pour protéger l’agriculteur des grandes instabilités sur les marchés des matières premières agricoles. Aujourd’hui, les paiements découplés n’ont plus vraiment de sens : ils n’empêchent pas les crises, c’est sûr, et ne permettent pas non plus aux agriculteurs d’y faire face. C’est pourquoi la PAC 2020 doit développer des dispositifs contra-cycliques et assurantiels.

Par ailleurs, le maintien des aides couplées est nécessaire tout en rénovant leur modalité d’attribution : la PAC doit aussi accompagner l’organisation des filières, la création de valeur et l’outil de couplage paraît être le plus adéquat pour impulser de vraies stratégies de filière et de territoires.  L’Europe doit cesser de le voir comme une simple manière de maintenir des filières « sous perfusion ».

Enfin, le verdissement technocratique instauré par la PAC 2015 a trop duré. Il faut aujourd’hui passer à un verdissement innovant, non plus évalué sur les moyens, mais sur les résultats.

Loin des querelles de territoires, de filières, nous avons montré qu’il était de notre devoir de construire un projet commun, un projet partagé, pour l’agriculture, et pourquoi pas un nouveau pacte alimentaire européen. Pas seulement commun au réseau JA, pas seulement commun à l’échelle du territoire national, mais commun à l’échelle de l’Europe.


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