Démographie agricole : il n’est pas encore né le divin candidat

Je me réjouissais ici, il y a quelques mois, de la sortie de la campagne #EntrepreneursDuVivant du ministère de l’Agriculture car il était temps que l’Etat investisse dans une promotion des métiers qui touche largement. C’était un bon signal, mais la bataille est loin d’être gagnée. Pour véritablement se donner les moyens de renouveler les générations, le débat démocratique doit porter cet enjeu fondamental au cœur de l’actualité.

 

Le défi démographique résonne de plus en plus. Je dirais même : ça clignote de partout ! Notre propre réseau de jeunes a lui-même pris acte du vieillissement et de l’évolution sociologique des profils à l’installation ou à l’entrée au syndicat. C’est pourquoi, à l’occasion de notre Université d’Hiver qui s’est tenue début décembre, nous avons fait le choix de relever l’âge limite d’éligibilité de nos administrateurs à 38 ans, contre 35 depuis la création de JA en 1957. Une évolution qui permettra aussi de former encore plus de jeunes qui seront les responsables syndicaux, économiques et politiques de demain. Le renouvellement se fera autant dans les cours de ferme que dans les organisations professionnelles.

 

C’est historique ! Mais c’est d’abord parce que nous avons la conviction qu’il faut prendre à bras-le-corps les tendances démographiques. Les citoyens eux-mêmes ont donné l’alerte en craignant la pénurie (qui n’est évidemment jamais arrivée) lors du premier confinement. Tout comme les politiques, ils doivent désormais entendre le dernier signal d’alerte lancé par les résultats du recensement agricole 2020. On y lit que la France a perdu 100 000 exploitations en 10 ans et quasi autant de chefs d’exploitation. Une déprise qui vient s’ajouter au vieillissement de la population agricole : 58 % des chefs d’exploitations ont plus de 50 ans, dont la majorité d’entre eux aura l’âge d’ouvrir leurs droits à la retraite d’ici la fin de la décennie ! Je me réjouis que ces chiffres aient été largement commentés dans les médias.

 

Nous sommes désormais à quatre mois de l’élection présidentielle. Je veux que ces signaux résonnent dans la tête de chacun. Le candidat qui ne démontrera pas que la souveraineté alimentaire, la transition agroécologique et une alimentation de qualité accessible à tous reposent sur des agriculteurs nombreux et une politique de renouvellement des générations volontariste sur tous les territoires, passera forcément à côté de son sujet ! J’écoute ce que dit chacun et, à ce jour, ce n’est pas suffisant.

 

Estimant qu’un soutien des pouvoirs publics est nécessaire pour pouvoir espérer qu’au moins 2 départs à la retraite sur 3 soient compensés par une installation, nous avons émis des propositions aux candidats à l’élection présidentielle pour former et installer 150 000 chefs d’exploitation, axées sur cinq priorités : promouvoir nos métiers, professionnaliser les candidats à l’installation, accompagner les agriculteurs tout au long de leur carrière au travers d’un point d’entrée unique, faciliter les transmissions, et préserver le foncier agricole tout en facilitant son accès pour les porteurs de projet. Nous sommes mobilisés pour tous les rencontrer et étoffer leurs propositions.

 

Meilleure utilisation des deniers publics par une définition de l’agriculteur actif, énorme potentiel de création d’emplois et d’opportunités de reprises de ferme, levier crucial de stockage de carbone… Nos thématiques sont aussi porteuses d’espoir pour les candidats que pour les électeurs. Saisissez-les !

 

D’ici là, je vous souhaite à tous d’excellentes fêtes de fin d’année pendant lesquelles je vous invite à massivement soutenir les agriculteurs français en partageant tous les produits de qualité issus de notre agriculture dans toute sa diversité !


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