D’ici l’été, « déconfinons » l’agriculture de ses blocages

L’agriculture française est actuellement dans l’œil d’un cyclone politique, économique et climatique sur bien des aspects. D’ici l’été, nous y verrons, je l’espère, plus clair sur bon nombre de dossiers qui dépassent ceux de la crise sanitaire.

D’abord, le renouvellement des générations en agriculture en France et en Europe, qui nécessite une politique forte pour l’installation, se joue actuellement dans un calendrier politique chargé : d’ici quelques jours, le ministre de l’agriculture devrait rendre ses premiers arbitrages pour le futur Plan Stratégique National. En parallèle, les règlements européens pour la période 2023-2027 sont en cours d’intenses discussions au niveau communautaire et pourraient aboutir sur un accord politique dans les semaines qui viennent, après d’incessant reports.

Le tout à un an des présidentielles, toujours riches en promesses, mais surtout la veille des élections régionales qui se dérouleront fin juin et qui revêtent un enjeu particulier pour le renouvellement des générations puisque l’ancien Premier ministre avait proposé une nouvelle répartition dans la gestion des aides européennes, faisant des Régions l’autorité de gestion des aides à l’installation sur le second pilier.

 

Ce calendrier nous rappelle que les enjeux pour l’agriculture, nos territoires et notre souveraineté alimentaire se discutent en ce moment à tous les échelons. Dans cet instant crucial, JA défend ses fondamentaux pour une Pac qui :

  • encourage le maintien d’agriculteurs actifs nombreux et le développement d’exploitations durables sur tous les territoires ;
  • accompagne l’orientation des filières vers davantage de création et de partage de valeur ;
  • sécurise le revenu des agriculteurs face aux aléas climatiques, sanitaires économiques et renforce la résilience des exploitations ;
  • construise un nouveau pacte avec les citoyens européens préservant la sécurité alimentaire, préservant les ressources naturelles, et maitrisant les impacts environnementaux de l’agriculture.

 

Pour JA, il sera notamment crucial d’aboutir sur nos propositions tels que la définition obligatoire de l’actif agricole ou encore le doublement du budget de la Pac, de 2 à 4%, consacré à l’installation pour répondre au défi du RGA et atteindre, parce que c’est nécessaire, un objectif de 10 000 installations aidées par an d’ici 2027.

 

Si la Pac doit orienter, accompagner et sécuriser, c’est bien le marché qui doit rémunérer. Nous le rappelons chaque jour, nous voulons vivre des prix de nos produits et de notre métier, pas des aides de la Pac. Pourtant la situation actuelle est toujours aussi inquiétante quand on regarde que les négociations commerciales ne permettent toujours pas d’assurer des prix qui couvre les coûts de production et un revenu digne. Un important travail se poursuit pour cela, à travers deux chantiers : celui qui relève en grande partie de notre responsabilité, pour une meilleure structuration des filières, et celui de l’ouverture d’une proposition législative au mois de mai pour corriger les imperfections de la loi EGAlim. Cette dernière échéance est très importante pour nous car elle doit permettre d’aller vers davantage de contractualisation tout en consolidant la construction du prix en marche avant. Mais cela ne pourra pas se faire sans aboutir sur la question des indicateurs de coûts productions qui demeure centrale pour des contrats porteurs d’un prix rémunérateur. Ce dernier point est pourtant absent de la loi portée par le député Grégory Besson-Moreau mais nous aurons à cœur de porter des propositions constructives dans le débat parlementaire qui va prochainement s’ouvrir.

 

Comme si cela n’était pas suffisant, nous faisons face, chaque année, à une accélération et une intensification des aléas climatiques , liés à son dérèglement. Nous devons à la fois nous adapter mais aussi lutter.

S’adapter, car de nombreux exploitants pourraient baisser les bras. Le récent et frappant épisode de gel a encore montré qu’il est indispensable, au-delà des mesures d’urgence, de trouver des solutions durables, par une politique de gestion des risques renouvelée, pour assurer une vraie résilience du secteur. Nous devons apporter une solution globale de la formation des agriculteurs à la gestion des aléas tout en proposant de meilleurs outils de prévention. JA reste force de proposition sur ce dossier comme en témoigne notre manifeste pour une souveraineté alimentaire. JA a pu saluer le travail ambitieux et courageux mené par le député Frédéric Descrozaille  mandaté par le ministre de l’agriculture pour  améliorer  le  dispositif actuel. Il est désormais impératif que le Gouvernement se saisissent de ces propositions et aboutissent sur des décisions rapides avant l’été.

 

Lutter, en accompagnant les agriculteurs de façon juste et adaptée, contre le réchauffement climatique par une amélioration des pratiques tout en produisant en qualité et quantité. Pour cela, une nouvelle étape pleine d’avenir vient de s’ouvrir : Depuis le début du mois de mai, les jeunes agriculteurs peuvent prétendre au « bon diagnostic carbone ». Ce dernier permettra aux agriculteurs installés depuis moins de 5 ans,  de  réaliser  un  diagnostic  des  émissions  de  gaz  à  effet  de  serre  et  une  évaluation  du  potentiel  de  stockage   de   carbone   dans   les   sols.   Dans   une   logique   d’amélioration   des   pratiques   basée   sur   l’accompagnement  des  agriculteurs,  ce  diagnostic  sera  suivi  par  l’élaboration  d’un  plan  d’action  visant à améliorer le stockage de carbone. Et, in fine, d’être rémunéré pour ces améliorations. Voilà des mesures concrètes et efficaces destinées aux jeunes pour lesquelles JA a été fer de lance dans leur élaboration. J’encourage tous les jeunes à s’en saisir pour continuer à faire toujours mieux !

 

D’autres prochaines échéances nous guettent dans les temps qui viennent, notamment sur la lutte contre la concentration excessive et l’accaparement des terres. Nous serons attentifs à ce que toute initiative législative puisse aboutir, et ce en faveur du renouvellement des générations. Nous aurons aussi à cœur d’échanger avec le Président de la République lors de notre Grand rendez-vous sur la souveraineté alimentaire organisé par le CAF le 18 mai prochain. Enfin, nous espérons des échanges riches avec le ministre lors de notre congrès, transformé en rendez-vous virtuel début juin.

 

Si la crise que nous vivons est nouvelle et de long-terme, certains chantiers ne sont, eux, pas nouveaux et ont fait l’objet de maintes concertations et propositions étayées par JA. Arrêtons de tergiverser et avançons !


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