Communication, consommation, revenu… il faut remporter la lutte pour l’attractivité de nos métiers sur tous les fronts

Jeudi 1er juillet dernier, les ministres de l’Agriculture et de la Mer ont lancé une grande campagne de promotion des métiers de l’agriculture et des métiers du vivant : #EntrepreneursDuVivant. Cette demande historique de JA réaffirmée en janvier 2020 au Grand-Bornand à l’occasion de notre session nationale consacrée au renouvellement des générations est enfin satisfaite. Nous l’avons salué et tout notre réseau se mobilisera pour la relayer, car il en va de l’avenir de nos territoires, de nos métiers et de notre souveraineté alimentaire.

Alors qu’un agriculteur sur deux sera en âge de partir à la retraite d’ici 2026, il est impératif de se mobiliser pour le renouvellement des générations. La campagne aborde cet enjeu sous l’angle de la compréhension par le grand public de nos métiers. C’est un levier indispensable mais insuffisant à lui seul, car il faut remporter la lutte pour l’attractivité de nos métiers sur tous les fronts à la fois, à commencer par une rémunération juste.

La Proposition de Loi visant à protéger le revenu des agriculteurs adoptée à l’unanimité des votants par l’Assemblée nationale est, en cela, une nouvelle étape franchie. Elle répond à une vraie urgence de justice sociale envers les agriculteurs, notamment les éleveurs car la situation est critique pour nombre d’entre eux. Dans certaines filières, beaucoup se rémunèrent à des niveaux bien inférieurs au SMIC : En viande bovine en particulier, la moitié des éleveurs touchent un revenu inférieur à 11 000€ par an, soit à peine plus de 900€ par mois.

Après l’échec des dernières négociations commerciales qui se sont conclues sur une déflation tarifaire, il était indispensable de renforcer le dispositif législatif pour permettre ce rééquilibrage du rapport de force nécessaire pour l’amont. Nos priorités sur ce texte étaient clairement affichées, notamment concernant l’élaboration, la diffusion et la prise en compte des indicateurs du coût de production dans les contrats qui demeurent centrales dans la négociation tarifaire avec nos acheteurs et dans la mise en œuvre d’une vraie construction d’un prix en marche avant. Élaborés par les interprofessions, ils doivent être les garants du travail fourni par les agriculteurs et nous permettre de savoir avec précision combien coûte, en moyenne, la production d’un kilo de viande, ou d’une barquette de fruits. Par exemple, un litre de lait coute près de 40 centimes à produire, bien plus que les 32 centimes environ qui sont aujourd’hui payés aux éleveurs (source : Cniel).

Pour autant, nous n’avons encore pas abouti sur un système efficace et rien ne prévoyait leur renforcement dans la proposition de loi de Grégory Besson-Moreau. Grâce au travail de la profession, nous avons obtenu des avancées notables. L’État devra finalement tenir à jour une liste des principaux indicateurs de coûts de production : plus d’excuse pour les prendre en compte! Surtout, ces indicateurs devront désormais constituer la base de la négociation entre le producteur (ou son Organisation de Producteur) et l’acheteur. C’est une avancée importante à sécuriser absolument dans le texte lors de son examen au Sénat.

Cette loi fait donc un pas de plus vers un système qui permette de vendre à juste prix le fruit de son travail, condition indispensable pour assurer une pérennité à nos exploitations et attirer des jeunes à prendre la relève. Notre souveraineté alimentaire en dépend.

C’est un des « fronts » que j’évoquais. Un travail législatif qui doit permettre de rééquilibrer le rapport de force. Il y en a d’autres et je réaffirme ici qu’il faut aussi donner à tous les citoyens les moyens de jouer un rôle dans la rémunération des agriculteurs et dans la résilience de notre modèle tout entier.

Un premier geste simple mais fondamental : consommer les produits issus de l’agriculture française pour vos barbecues estivaux par exemple. Et pour cela, nous continuerons à nous battre pour permettre à chaque citoyen de choisir l’origine de son alimentation à travers la mise en place obligatoire de son étiquetage malgré la récente décision du Conseil d’Etat sur la requête de Lactalis qui nous rappelle de façon cinglante que le combat n’est pas encore gagné. Ne nous laissons pas duper par ceux qui opposent rémunération des agriculteurs et pouvoir d’achat des français, en annonçant une explosion des prix à la consommation. Il faut une meilleure répartition de la valeur au sein de la chaîne alimentaire, ni plus ni moins.

C’est une question de compréhension, de pragmatisme et de transparence. Chacun doit s’intéresser à son alimentation et ceux qui la font pour les aider à engager une transition, et encourager nos enfants à intégrer nos métiers innovants.


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