Convention citoyenne pour le climat : pour qu’écologie rime avec économie 

Le 29 juin, Emmanuel Macron a répondu à la Convention citoyenne pour le climat en reprenant 146 propositions sur 149. Malgré une faible présence d’agriculteurs parmi les membres, les mesures relatives à l’agriculture sont nombreuses et vont loin, et certaines sont défendues par JA de longue date. C’est la preuve d’un intérêt fort des consommateurs envers leur agriculture et leur alimentation. N’oublions pas que nous, producteurs, sommes au cœur de l’action, avec, au quotidien, la nature comme outil de travail.

 

JA l’a souvent dit : nous, jeunes agriculteurs, continuerons à faire évoluer nos pratiques, comme nous l’avons toujours fait, et sommes prêts à répondre à la demande des citoyens, à condition d’en avoir les moyens techniques et économiques, à condition d’être accompagnés et surtout d’être rémunérés à la hauteur du travail fourni. Nous ne le répèterons jamais assez : la première des conditions est le revenu ! Qui accepterait de faire toujours plus efforts sans être payé au juste prix ? Quel jeune accepterait d’entrer dans un métier sans assurance d’être rémunéré, alors que la conduite d’une exploitation est de plus en plus complexe et demande d’immenses efforts d’anticipation, d’adaptation, d’innovation ?

 

Les agriculteurs sont encore trop nombreux à connaitre des difficultés financières et les politiques publiques doivent nous aider à renverser la tendance. En ce sens, la Convention a insisté sur l’application de la loi issue des Etats Généraux de l’Alimentation. La transparence dans les négociations, l’approvisionnement local et la structuration des filières permettront de rééquilibrer la chaîne de valeur et de mettre fin à la guerre des prix, au profit des agriculteurs. Rappelons que selon le dernier rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, sur 100 euros de dépenses alimentaires, seuls 6 reviennent à l’agriculteur, part en baisse constante ces dernières années ! Les consommateurs ont également leur rôle à jouer par leur acte d’achat par le choix de leurs produits, parfois plus chers.

 

Le Président de la République a annoncé qu’un projet de loi reprenant certaines propositions de la Convention serait mis sur la table d’ici la fin de l’été. Nous serons attentifs à ce que les priorités qu’il a lui-même évoquées, comme la lutte contre l’artificialisation des sols, y figurent. La promesse d’une loi foncière, sans cesse ajournée et annoncée comme abandonnée, peut être tenue dans ce cadre, à condition d’en avoir la volonté politique. Car pour assurer la préservation du foncier et en favoriser l’accès aux jeunes, les dispositifs de lutte contre les concentrations doivent également être renforcés.

 

Concernant les accords commerciaux internationaux, nous saluons le refus réaffirmé de l’accord UE-Mercosur, et prenons note de l’engagement présidentiel à abandonner le Ceta si son évaluation montrait une incompatibilité avec l’accord de Paris. Nous demandons d’aller plus loin en mettant en place un moratoire sur les accords commerciaux internationaux, le temps de réformer notre politique commerciale.

 

C’est enfin sur le plan budgétaire qu’il faut être ambitieux : 15 milliards d’€ supplémentaires ont été annoncés pour financer la transition, de même qu’une démarche proactive à Bruxelles pour qu’un budget conséquent soit consacré à la transformation des entreprises. La prochaine PAC a son rôle à jouer dans la lutte contre le dérèglement climatique notamment en accompagnant le financement du stockage de carbone. Pour réussir la transition, nous devons aussi soutenir le renouvellement des générations agricoles en augmentant le budget minimum dédié de 2 à 4% du premier pilier de la future PAC. Le budget global, tel qu’il est présenté actuellement, n’est pas suffisant et doit être à la hauteur de toutes ces ambitions.

 

La relocalisation de notre alimentation et l’autonomie protéique sont aussi des sujets abordés, que nous défendons de longue date. Nous devons travailler, à chaque échelon, pour atteindre ces objectifs. Nous serons en première ligne pour faire rimer écologie et économie. Nous serons en première ligne pour assurer une alimentation saine, sûre, durable, de qualité et accessible à tous.

 

Accompagner les changements, financer des investissements à la hauteur des ambitions et permettre à chacun de jouer son rôle dans la lutte contre le changement climatique. Voilà les suites à donner maintenant à ces propositions !


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